Notre éducation, depuis notre plus jeune âge, nous a appris à répondre aux questions plutôt qu’à les poser …
Cette lacune de notre système éducatif conduit, trop souvent, la plupart d’entre nous à formuler des réponses, à affirmer et à tenter ainsi d’imposer notre point de vue. Nous devons être des « sachants » et poser des questions serait un aveu de faiblesse …
Il serait peut-être temps pour nous d’apprendre à maîtriser le questionnement, et par voie de conséquence, l’écoute.
En effet, dans les relations que nous entretenons avec les autres, le questionnement est primordial.
- Le questionnement est d’abord le principal outil de l’écoute active. En effet, poser des questions nous force à écouter. Ce qui n’est pas toujours naturel pour nous.
- Même si cela paraît évident, il est important de rappeler que le questionnement est souvent la seule façon d’obtenir les bonnes informations et, surtout, de savoir ce que pensent les autres.
Si je disposais d’une heure pour résoudre un problème et que ma vie en dépende, je consacrerais les 55 premières minutes à définir la question appropriée à poser, car une fois cela fait, je pourrais résoudre le problème en moins de cinq minutes.
Albert Einstein
L’art du questionnement peut être défini comme la capacité à identifier et à utiliser les questions qui vont ouvrir le dialogue.
Questionner est un état d’esprit, un acte essentiel de communication, une technique pour améliorer l’efficacité des échanges et des décisions.
Enfin, le questionnement stimule la pensée et permet de rendre explicite ce qui est latent.
Les questions concernant l’historique d’une situation ou son contexte sont les plus couramment utilisées et les plus faciles à poser, mais elles ne sont pas suffisantes. Dans un échange, le questionnement relationnel ou phénoménologique sera souvent important pour préserver la qualité de la relation.
L’incompréhension et la tension…
L’incompréhension et la tension que l’on peut ressentir dans un échange entre deux personnes résultent, le plus souvent, du fait que chacun d’entre nous a tendance à présumer de ce que pense l’autre, en s’appuyant sur ses propres principes et sa propre perception d’une situation.
Plutôt que de demander ce que pense l’autre ou d’essayer de le découvrir à travers un questionnement approprié, nous partons tous du principe que nous le savons.
Nous pensons tellement connaître la réponse que nous ne prenons pas la peine de poser la question ou plus simplement nous anticipons la réponse. L’incompréhension est inévitable et la relation devient difficile.
Que n’avons-nous pas entendu lors de discussion entre deux personnes : « N’importe quoi », « Tu n’as vraiment rien compris », « Ça ne sert à rien de discuter avec toi », « Ce n’est pas ce que j’ai dit », « Pourquoi tu dis ça » etc …
Alors, n’oublions jamais de demander aux autres ce qu’ils pensent, plutôt que de l’imaginer …
Prenons une situation courante de la vie professionnelle :
Vous avez pris le temps d’expliquer quelque chose à un de vos collègues qui vous l’a demandé et pourtant une semaine après, il revient vers vous avec les mêmes questions. Cette situation vous agace et vous vous dites, selon le contexte, soit :
- « Il me prend pour un imbécile »,
- « C’est un imbécile »,
- « Il ne comprend jamais rien de ce qu’on lui explique ».
Dans les 3 hypothèses ci-dessus, vous donnez votre propre compréhension ou interprétation de cette situation qui pourtant le concerne, lui et il est probable que la relation que vous entretenez avec lui va en être dégradé.
Ne serait-il pas plus efficace, lorsqu’il revient vous voir, de lui demander par exemple, avant toute chose : « Pourquoi me poses-tu encore cette question alors que je t’ai répondu la semaine dernière ? ».
Ainsi, vous pourrez explorer ensemble les raisons qui ont conduit à cette situation et faire en sorte qu’elle ne se renouvelle pas. Cela n’évitera peut-être pas toutes les situations identiques, mais cela pourra éviter bien des erreurs de jugement, qui nuisent à la mise en place d’une relation équilibrée.
Une des techniques les plus simples à utiliser pour améliorer l’efficacité d’un échange est de poser des questions de confirmation ou de pratiquer la reformulation. Cela permet de mettre en lumière la pensée ou la position de l’autre et d’acter celle-ci, sans risque de méprise. Cela valide votre compréhension et montre que vous vous sentez concerné par l’autre et son discours.
Apprenez également à terminer vos affirmations par une question « N’est-ce pas ? » « Tu ne crois pas ? » « Qu’en penses-tu ? » ou tout simplement « Non ? », ainsi vous obligerez votre interlocuteur à dire ce qu’il pense, à argumenter, à s’opposer ou plus simplement à approuver, vous n’aurez alors pas besoin d’imaginer et vous pourrez alors, arriver à un accord réel et solide.
Enfin, le silence représente une forme de questionnement un peu particulière. Faire silence dans un échange, c’est laisser le temps à l’autre de structurer sa pensée, de faire redescendre la pression s’il y en a. C’est est une forme de relance, qui incite l’autre à en dire plus après un début de réponse ou des éléments de réponse imprécis ou insatisfaisants.
Et n’oubliez pas que seul l’entrainement change les mauvaises habitudes, alors osez poser des questions, la plupart du temps le seul risque que vous prenez est d’obtenir une réponse qui ne vous conviendra pas … A vous d’agir ensuite, en connaissance de cause …
