Le jeu du singe sur l’épaule
Nous jouons tous au jeu du singe sur l’épaule, tant dans notre vie professionnelle que personnelle. Vous aussi certainement sans le savoir !
Cet exercice repose sur la métaphore du singe sur l’épaule (Monkey Management) de William Oncken, consultant américain spécialisé en management. Pour lui, l’échange entre deux personnes se caractérise par les déplacements de l’objet de l’échange, alternativement de l’une à l’autre des personnes, d’une manière consciente ou totalement inconsciente. Dans l’univers professionnel, l’objet peut être par exemple : un projet, une tâche à réaliser, un problème à résoudre ou une décision à prendre.
William Oncken a choisi de représenter ce déplacement comme celui d’un singe qui passerait d’une épaule de l’un à l’épaule de l’autre.
Voici une situation de la vie quotidienne que nous avons tous connu. Vous vous reconnaîtrez certainement dans l’un de ces protagonistes :
Julien est au téléphone avec Thomas, l’un de ses amis. Après avoir abordé plusieurs sujets et au moment de se quitter, Julien dit à Thomas : « Au fait, qu’est-ce que tu fais samedi soir, on pourrait aller manger au restaurant ? » (Julien vient de créer un singe).
Thomas acquiesce et dit : « Super ! Ok, C’est une très bonne idée » Alors, Julien lui suggère : « On dit 20 heures, tu t’occupes de la réservation ? » et Thomas lui répond : « Ok, je m’en occupe, à samedi 20 heures ». (Et voilà, le singe de Julien vient de sauter sur l’épaule de Thomas.)
Julien aurait pu rajouter :
- « Je n’ai pas le temps, je suis débordé en ce moment. »
- ou « Tu connais tous les bons plans, toi ! ».
Ainsi, il aurait pu justifier sa tentative de déplacer le singe, soit par le fait qu’il est débordé, soit par la flatterie ou la compétence qu’il n’a soit-disant pas (situations très courantes en entreprise).
Mais il aurait également pu rajouter un deuxième singe en disant : « On pourrait le dire à Paul, ça fait longtemps qu’on ne l’a pas vu, tu l’appelles ? ».
Il existe plusieurs lectures de cette situation :
- Julien et Thomas n’ont pas fait cela consciemment. C’est une habitude comme il en existe entre amis. C’est toujours Thomas qui s’occupe de la réservation et cela ne le dérange pas. Donc tout va bien, mais ce serait quand même mieux qu’il le fasse en conscience.
- Julien ne l’a peut-être pas fait consciemment, mais cette situation agace Thomas qui va s’en occuper, mais lui aussi n’avait pas de temps pour ça et il trouve que Julien exagère. Thomas n’est pas satisfait mais il accepte le singe. Cela nuit à leur relation et Thomas jure que la prochaine fois, il ne le fera pas, quitte à se fâcher avec Julien.
Il existe cependant une troisième voie entre accepter sans rien dire et se fâcher. Cette troisième voie est d’accepter de « jouer » avec le singe.
Ainsi, Thomas aurait pu dire : « La dernière fois c’est moi qui me suis chargé de la réservation. Ce coup-ci, c’est à toi de le faire, non ? » (Il aurait ainsi remis le singe sur l’épaule de Julien).
Comment « apprivoiser » ces différents singes ?
La première règle est qu’il ne faut jamais prendre le singe à son insu. Il est donc indispensable de s’entraîner pour repérer tout au long d’une journée les différents singes qui sont susceptibles de sauter sur votre épaule.
La deuxième règle est qu’il y a bien évidement des singes que l’on va accepter, soit parce qu’ils relèvent de notre responsabilité ou tout simplement parce que cela nous fait plaisir de les accepter.
La troisième règle est qu’il existe un certain nombre de techniques pour refuser le singe et le remettre sur l’épaule de celui tente de vous le transmettre. Ces techniques reposent essentiellement sur un bon questionnement. Dans l’exemple ci-dessus, c’est le « non ? » interrogatif, qui matérialise le déplacement du singe.
Chaque question posée représente une tentative de renvoyer le singe sur l’épaule de son interlocuteur, qui selon sa réponse (par une question ou pas) va choisir d’accepter ou non le singe et l’échange peut ainsi se prolonger.
Avoir un singe sur l’épaule, c’est devoir assumer la responsabilité de l’étape suivante. Evidemment, l’objectif n’est pas de n’avoir aucun singe sur l’épaule. C’est de n’avoir que nos propres singes, ceux qui relèvent de notre fonction, de nos responsabilités.
Alors, entraînez-vous à repérer les singes et leur position. Vous pourrez ainsi choisir de les accepter ou non. Entraînez-vous également à les remettre sur l’épaule de votre interlocuteur, avec justification et assertivité.
Cela va améliorer considérablement la qualité de la relation que vous entretenez avec les autres. Cela va contribuer à la rendre plus équilibrée et plus équitable.
Vous verrez, avec un peu de pratique, cela marche fort bien. Et la personne qui est arrivée avec son singe, pourra même vous en être reconnaissante.
Le jeu du « And so what ? »
Un vieil adage dit qu’il faut toujours tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de s’exprimer.
Ce serait certainement très utile dans certaines circonstances, mais comment faire ?
Il ne s’agit bien sûr pas d’appliquer cela à la lettre, mais peut-être simplement de se poser la question de la pertinence de notre propos, plus souvent que ce que l’on ne le fait habituellement. « Que va apporter au débat ce que je vais dire maintenant ? Est-ce bien adapté à la situation ? Ne suis-je pas hors-sujet ? »
Ces questions sont essentielles. Pourtant, nous n’avons pas toujours le temps de nous les poser, voire nous n’y pensons pas forcément.
« And so what ? » est simplement un moyen mnémotechnique pour nous aider à être plus pertinent dans nos propos.
Il est trop souvent arrivé à chacun d’entre nous de se dire : « Je n’aurais jamais dû dire ça » ou « Ce que je viens de dire est stupide » ou « Ce que je viens de dire n’a rien à voir avec le sujet », etc …
Se dire « And so what ? » dans sa tête, c’est essayer d’anticiper les réactions ou les conséquences de mes propos pour décider si je vais les dire ou non.
Ce petit exercice est surtout utile lorsque vous devez convaincre quelqu’un et que vous avez peu de temps (situation fréquente en entreprise !). Cela vous aidera à choisir plus facilement les bons arguments.
Entrainez-vous à penser « And so what ? » et votre discours sera plus pertinent, plus concis, plus centré sur votre objectif. Ainsi, vous serez plus écouté et plus convaincant et vous pourrez améliorer votre relation aux autres.